Jour 8 : L’engagement d’étudier ; le quatrième acte bon ; voyages et miracles

Enseignements du printemps du 17e Gyalwang Karmapa
à l’occasion de l’Arya Kshéma

La vie du 8e Karmapa Mikyeu Dorjé

7e Arya Kshéma
25 février 2021

Au tout début de ces enseignements, le Karmapa avait souligné qu’il était important de connaître les origines de la tradition à laquelle on appartient. Les enseignements actuels sont hautement significatifs pour la tradition Kagyu.

La plupart de ces documents approfondis sont le résultat de recherches effectuées par Sa Sainteté et sont présentés au public pour la toute première fois. Il corrige des informations erronées, établit les faits historiques concernant les premiers maîtres Kagyu et leurs étudiants et  précise des aspects oubliés, tel que l’existence d’érudits Kagyu de renom et de shédras prospères. Puis vint la catastrophe qui frappa les Kagyu avec la destruction du Garchèn à l’époque du 10e Karmapa. Pour les nonnes et les moines qui écoutent les exposés quotidiens de Sa Sainteté, beaucoup de ce contenu est nouveau et excitant ; cela n’avait jamais été enseigné auparavant et les aide à apprécier leur héritage.

Karma Trinleypa, le gourou authentique

La diapositive d’ouverture montre les quatre enseignants principaux de Mikyeu Dorjé – Sangyé Nyènpa Rinpoché, Dulmo Tashi Eusser, Cheudroup Sèngué et Karma Trinleypa – avec les détails, s’ils sont connus, de leur naissance et de leur mort.

Karma Trinleypa naquit l’année de Feu-Oiseau, i.e. 1456, et donc, quand le 8e Karmapa le convoqua pour la première fois, il était déjà assez vieux. Quand ils finirent par se rencontrer, après plusieurs invitations, le 4e jour du 11e mois de l’année de Feu-Cochon (1527), Karma Trinleypa avait 61 ans.

C’est Karma Trinleypa qui conseilla à Mikyeu Dorjé de recevoir les vœux de pleine ordination de Jodèn Khènchèn Cheudroup Sèngué, dont on disait qu’il était une émanation de l’arhat Angita. Quand le 8e Karmapa envoya une nouvelle invitation avec une escorte, expliquant pourquoi Karma Trinleypa devait venir, Karma Trinleypa prit le chemin du Garchèn à Kongpo. En chemin il retrouva Khènchèn Cheudroup Sèngué et ils voyagèrent ensemble. 

La première rencontre avec Mikyeu Dorjé eut lieu au monastère supérieur de Sampèl Wangpo au centre de retraite de montagne de Nomteu. Pendant que Khènchèn Cheudroup Sèngué, qui était âgé, se reposait pour récupérer du voyage, le Karmapa donna à Karma Trinleypa le lung des Six yogas de Naropa. Les signes astrologiques suggéraient que les enseignements commencent le 22 du mois, mais le Karmapa insista pour qu’ils commencent plus tôt, le 17 et donc, Karma Trinleypa commença d’enseigner la Prajnaparamita à Mikyeu Dorjé ce jour-là. 

Une semaine plus tard, le 22, Mikyeu Dorjé prit les vœux de pleine ordination : Khènchèn Cheudroup Sèngué était le khènpo, Karma Trinleypa était le maître de rituel, Gampo Khènchèn Shakya Sangpo était le questionneur privé, Sangpou Cheujé Shakya Sangpo était le maître du temps et le Cheujé de Guèndun Gang Déshong avec le nombre nécessaire de bhikshus des quatre monastères complétaient le quorum.

Les études de Mikyeu Dorjé avec Karma Trinleypa reprirent le 23 ; le matin, il étudiait la Prajnaparamita et l’après-midi l’Abhidharma. Comme le programme d’étude avançait, Karma Trinleypa donna des enseignements sur le Continuum sublime, Distinguer le milieu des extrêmes et Distinguer les dharmas et dharmata, le Compendium de la validité, le Commentaire sur la validité, le Trésor de logique valide, le Soutra de pratimoksha, le Soutra du vinaya, le Compendium de l’Abhidharma, Entrer dans la voie du milieu, et d’autres textes. Il donna un enseignement détaillé sur les préceptes du vinaya tels qu’expliqués par Nyakpouwa, y compris les Rituels des mouvements (qui guide la sangha pour prendre des décisions et conduire les affaires) et la pratique des Trois rituels fondamentaux (sojong, yarney – la retraite de la saison des pluies – et gakye – le rituel qui libère les moines et nonnes des contraintes de la retraite de la saison des pluies). 

Karma Trinleypa donna à Mikyeu Dorjé des instructions pour les trois types de vœux : le vœu de bodhisattva de la bodhicitta d’aspiration et appliquée selon la Grande bodhicitta de Sakya Pandita, les vœux de pratimoksha et les vœux tantriques. 

Karma Trinleypa donna des explications très claires des préceptes du vinaya de sorte que, même aujourd’hui, l’observation des Trois rituels fondamentaux dans les communautés monastiques est basée sur ses instructions, tout comme les vœux de fidèle laïque et les huit vœux de jeûne. Les enseignements qu’il reçut sur les tantras venaient essentiellement du Continuum sublime (Uttaratantra). Il lui conféra les quatre initiations complètes et les vœux tantriques des Neuf divinités d’Hévajra selon les textes de rituels du 6e Karmapa, Tongwa Deundèn, et lui enseigna les mandalas, les moudras et les mélodies. Il enseigna à Mikyeu Dorjé la tradition de Kalachakra, les cinq types de sandhi (grammaire sanscrite), et tout le profond dharma transmis par le 7e Karmapa, Cheudrak Gyatso, que Mikyeu Dorjé n’avait pas encore reçu. Il lui donna des instructions sur les divinités de yidam de Vajravarahi, les initiations et les sadhanas de Manjoushri et Tara blanche, et les Cent initiations de longue vie de la tradition de Machik Drouppay Gyalmo, qui est la version la plus fréquemment donnée dans la tradition Karma Kagyu.

Ainsi, en l’espace de trois ans, Mikyeu Dorjé devint un érudit. Selon les calculs de Sa Sainteté, le temps réel passé à étudier fut seulement de 14 mois. Comment un si vaste programme a-t-il pu être complété en si peu de temps ? Essentiellement, grâce à la diligence exceptionnelle de Mikyeu Dorjé et à sa détermination face à ses études. Les enseignements duraient du lever au coucher du soleil, ponctués d’audiences et de réunions, et Mikyeu Dorjé dormait peu de façon à utiliser les heures nocturnes pour mémoriser les textes. Initialement, il y avait trois sessions par jour, mais Mikyeu Dorjé demanda à passer à six ou sept sessions. Karma Trinleypa fut d’abord réticent, mais comme il était évident que Mikyeu Dorjé était capable de retenir aussi bien les mots que le sens sans aucune difficulté, il augmenta les sessions jusqu’à six par jour.

Ils observaient le protocole habituel avant chaque session ; en tant qu’étudiant, Mikyeu Dorjé se levait quand Karma Trinleypa entrait dans la pièce, prenait des nouvelles de sa santé, se prosternait et préparait son siège en marque de respect, mais le temps n’était pas gaspillé en conversations futiles. Si Karma Trinleypa faisait une digression, Mikyeu Dorjé lui rappelait : « C’est le point où nous en étions. Veuillez continuer à partir de là. »

Durant les six sessions, ils étudiaient les textes, l’explication des textes et l’explication du sens. Si Mikyeu Dorjé ne comprenait pas quelque chose, au lieu de faire semblant ou de penser qu’il l’apprendrait plus tard, il essayait de résoudre ses doutes immédiatement. Il mangeait moins de façon à ne pas être somnolent, et buvait moins de thé de façon à ne pas avoir à aller aux toilettes. Il s’habillait moins de façon à rester alerte.

Pendant une année complète, ils étudièrent continuellement sans manquer un seul jour, remarque Sa Sainteté. Plus tard, les gens ont dit que Mikyeu Dorjé avait du reconnaître certaines qualités en Karma Trinleypa. Finalement, le jour vint où Karma Trinleypa dut partir, mais il restait encore quelques textes à étudier ; alors, Mikyeu Dorjé l’accompagna et Karma Trinleypa continua à enseigner pendant le voyage. Mikyeu Dorjé l’accompagna jusqu’à Drakchi. Le 3e jour du 1er mois de l’année du Bœuf (1529), Karma Trinleypa fit de vastes offrandes pour la longue vie de Mikyeu Dorjé ; il offrit également une nouvelle prière de longue vie et une liste d’offrandes dont le détail fut lu pendant la rencontre. Cependant, Mikyeu Dorjé et Karma Trinleypa étaient si réticents à se séparer qu’ils ont reporté. Karma Trinleypa finit par partir le 11. Le maître et l’étudiant se prosternèrent en signe d’adieu, touchèrent respectivement leur tête et firent des souhaits. A ce moment-là, Mikyeu Dorjé dit : « Veuillez être mon ami spirituel jusqu’à ce que j’atteigne l’éveil. »

Des histoires racontent combien les serviteurs et l’entourage étaient émerveillés de la manière dont le Karmapa louait, vénérait, et respectait Karma Trinleypa. Les commentaires que Mikyeu Dorjé écrivit plus tard sur les grands textes de la Prajnaparamita, la Voie du milieu et l’Abhidharma contiennent tous des prières, des suppliques et des louanges de Karma Trinleypa, le gourou qui lui avait enseigné les explications des textes. 

Sa Sainteté conclut en soulignant que nous devrions nous souvenir et apprendre de cet exemple du gourou authentique et de son étudiant.

L’éducation du 8e Karmapa se poursuit

Du point de vue de Mikyeu Dorjé, il n’y avait pas de fin à l’écoute ni à la contemplation. Au cours de son voyage du Kham au Tibet central, s’il trouvait un gourou authentique – quelle que soit la tradition à laquelle il appartenait, qu’il soit Sakya, Guélouk, Drikoung, Jonang, Shalpa ou Nyingma -, il recherchait ses enseignements. Il cherchait en particulier des éclaircissements sur le Kalachakra. On disait que Ja Jamyang Tashi Namgyal et Panchèn Dorgyal – un étudiant de Panchèn Shakya Chokdèn – étaient les plus savants à l’époque, et Mikyeu Dorjé les invita. Panchèn Dorgyal accepta, mais Mikyeu Dorjé eut une vision selon laquelle les circonstances interdépendantes n’étaient pas favorables et mit un terme à l’invitation.

Plus tard, quand Mikyeu Dorjé se rendit à Drikoung, Panchèn Dorgyal s’y trouvait et conduisait les discussions qui faisaient partie de la cérémonie de bienvenue. Mikyeu Dorjé se joignit au débat par personne interposée, par l’intermédiaire de Pawo Tsuglak. Sa première question à Panchèn Dorgyal portait sur les différences entre les 18 écoles citées dans le Traité sur les trois vœux de Sakya Pandita. Panchèn Dorgyal répondit assez pompeusement d’une voix forte : « Il y a de nombreuses écoles différentes parmi les écoles différentialistes que nous connaissons par l’Abhidharma, la Voie du milieu et des textes sur la validité. » Quand Mikyeu Dorjé contesta sa réponse et répéta sa question sur les différences entre les 18 écoles, qui incluent à la fois des écoles différentialistes et des soutras, Panchèn Dorgyal fit une réponse très longue mais sans argument principal. Alors Mikyeu Dorjé le défia à nouveau et, d’une voix tremblante, Panchèn Dorgyal admit qu’il n’avait rien à dire. 

Mikyeu Dorjé répondit alors succinctement à sa question. 

Il est dit que l’école de l’Exposition n’accepte pas la conscience de soi, l’école des soutras l’accepte, l’école de l’Esprit seul affirme que la conscience de soi existe ultimement, la Voie du milieu réfute la conscience de soi et dans les tantras, il est dit que l’on s’éveille à cause de la conscience de soi.

Puis il posa une deuxième question : « Quelles sont les différences entre les positions de ces différentes écoles sur la conscience de soi ? » Panchèn Dorgyal tenta une réponse mais continua de patauger, parlant d’’images appréhendées’ et d’’images appréhendantes’. Mikyeu Dorjé revint à la charge : « Eh bien, est-ce que tu veux dire que tu ne connais pas la différence entre ces consciences de soi ? » Et à voix basse, Panchèn Dorgyal le reconnut. 

Plus tard, Panchèn Dorgyal confessa à Pawo Tsuglak Trèngwa qu’il avait étudié et révisé jour et nuit en préparation de la venue du Karmapa, mais le Karmapa ne l’avait questionné sur aucun de ces textes. « Il doit être clairvoyant », conclut-il. Panchèn  Dorjé Dorgyal soumit sept rouleaux de questions très subtiles au Karmapa. Le Karmapa y répondit avec succès mais il avait toujours du respect pour Panchèn Dorgyal. 

Parce qu’il voulait étudier le Kalachakra, Mikyeu Dorjé invita celui qui faisait autorité à l’époque, Jamyang Tashi Namgyal. Ce dernier ne put venir mais envoya 200 textes rares et bien édités pour que le Karmapa puisse les étudier. Mikyeu Dorjé voulait étudier avec d’autres érudits ; il ne réussit pas, cependant, à trouver l’égal de Karma Trinleypa. A ce stade, Sa Sainteté témoigne brièvement de sa propre expérience quand il chercha à obtenir une éducation équivalente à celle des shédras. 

Mikyeu Dorjé avait un grand intérêt pour les textes et il réussit à en acquérir beaucoup de rares. Il reçut d’innombrables volumes de commentaires sur les soutras et tantras, et il passait des nuits entières à les lire et les mémoriser. Il marquait le plan en rouge, et le texte racine et les citations en jaune. Si un point subtil du texte lui échappait, il écrivait en petits caractères qu’il n’avait pas compris ce point ou qu’il avait besoin de regarder tel ou tel texte. Quand un point s’avérait extrêmement difficile, il faisait des annotations sur différentes interprétations dans différents commentaires. Il questionnait d’autres lettrés sur le sens du texte. S’il considérait un point comme très important, il en faisait une note spéciale et l’utilisait pour résoudre quelque doute qu’il ait pu avoir.

Quand il mémorisait des textes importants tel que le Trésor de la logique valide et son commentaire ou les commentaires sur l’Abhidharma supérieur et inférieur, il les récitait de 10h du soir à 3h du matin ; il poursuivit cette pratique pendant de nombreuses années. En outre, il étudia les grammaires de Kalapa et Chandragomi, les métaphores, la composition et les systèmes d’écriture du sanscrit et du tibétain avec Karma Lotsawa Rinchèn Tashi. Il étudia les textes indiens et tibétains sur la validité avec Kongteun Shakya Rinchèn, Tsangteun Dorjé Sangpo, Ngaripa Lekpay Gocha et d’autres. De Pawo Tsuglak Trègwa, il reçut des enseignements sur le Compendium de l’astrologie par Rangjoung Dorjé et sur les Compositions qui plaisent aux érudits. Il respectait tous les lettrés ou gens de qualité et en parlait comme étant plus précieux que l’or, ‘les yeux de prajna’. Selon Pawo Tsuglak Trègwa, le 8e Karmapa était capable de battre même des érudits dont la connaissance et la compréhension étaient sensées être inégalables. Néanmoins, il disait humblement, sans prétention : « J’ai peu d’intelligence et peu d’éducation, aussi je ne sais rien. »

Le Karmapa conclut :

En résumé, avec amour pour les êtres dans l’illusion et grande révérence pour les précieux enseignements, Mikyeu Dorjé accepta de grandes épreuves et difficultés afin d’étudier avec ses gourous. Quelles que soient ses expériences nées de l’écoute, de la contemplation et de la méditation, sans les cacher ni en être avare, il enseignait le dharma qui convenait aux capacités de ceux qui cherchaient, sans délai. Ceci est l’un des actes les plus importants de Mikyeu Dorjé.

S’adressant directement aux étudiants des shédras, le Karmapa met l’accent sur le fait que la pratique des gourous précédents devrait nous servir d’exemple  afin que nous puissions faire le bien des êtres et servir l’enseignement. Il nous faut écouter et contempler pour avoir de l’expérience. Notre première pensée doit toujours être celle-ci : comment faire le bien des êtres qui souffrent et jamais notre propre louange. Ceci est la fonction de l’éducation d’un shédra. 

Le quatrième acte bon : ‘l’abandon des distractions futiles’

La première section des Strophes autobiographiques, sur ‘comment entrer dans le dharma’, comprend six points. Voici le quatrième :

Quand, du fond du cœur, j’ai développé la certitude

Que les distractions ordinaires ne sont que des façons de gaspiller cette vie,

J’ai rejeté toutes les divertissements communs.

Ma conscience est devenue claire ; j’ai trouvé la conviction en les Joyaux.

Je considère ceci comme un de mes actes bons. (4)

Dans les Instructions à l’entraînement aux histoires de libération de Mikyeu Dorjé, il est dit ceci :

On doit suivre le gourou sans en être jamais séparé. Combien de temps doit-on suivre le gourou ? Jusqu’à l’obtention de l’état de bouddha. Mais afin de suivre le gourou ainsi, il faut avoir la bonne fortune de vivre à la même époque et dans les mêmes lieux que les gourous, les amis spirituels, et d’avoir un corps et un esprit de la même espèce. Une fois que vous avez obtenu cette base supérieure, vous devez être libre d’obstacles et avoir les conditions favorables qui permettent de suivre le gourou et le dharma. 

Cela dépend de l’accumulation de karma vertueux en ce sens, tel qu’avoir foi en le gourou et le vrai dharma, et également la diligence, l’attention, le samadhi et la sagesse. Il vous faut donc éliminer les entraves à la vertu, i.e. les conditions qui créent les perturbations, les endroits et les amis qui sont particulièrement agréables ou désagréables, et les cognitions qui les veulent, les désirent ou les détestent. Si vous réussissez à éliminer les distractions ordinaires pour ces objets-là, ainsi que les distractions qui consistent à penser à des méthodes pour obtenir grandeur et fortune en cette vie, et si alors vous trouvez la solitude du corps, de la parole et de l’esprit, votre esprit deviendra malléable et votre conscience claire. La sagesse mûrira et vous vous souviendrez des qualités des Trois joyaux. Quand vous vous en souvenez, vous aurez le sentiment que si vous vouez votre corps, votre parole et votre esprit à des actes inutiles même un seul instant, ceci est plus précieux que votre vie. Pratiquez en étant concentré sur ce sentiment.

Sa Sainteté ajoute que, quand nous suivons un gourou, il nous faut le suivre sans en être séparé jusqu’à l’obtention de l’état de bouddha. Afin de suivre un tel gourou, nous avons besoin de mérite et nous avons besoin de recevoir des enseignements du dharma. Pour cela, il nous faut la base – un corps et un esprit -, et pour cela, nous devons faire les accumulations. L’obtention de la précieuse existence humaine – un corps humain doté des richesses et des libertés – dépend de notre rencontre avec les enseignements d’un authentique ami spirituel et leur mise en pratique. Il y a de nombreux obstacles et difficultés, les pires étant les perturbations dans notre propre être, telles que l’avidité et la haine. Si nous voulons surmonter les obstacles, il n’est pas nécessaire d’accomplir des rituels pour éliminer un problème extérieur. C’est avec notre propre esprit qu’il nous faut travailler à repousser les pensées perturbatrices. Nous sommes constamment dupé par les huit préoccupations mondaines. Essayons de voir si, avec notre corps, nous sommes capable de demeurer dans un lieu solitaire et, par notre parole, si nous sommes capable d’éviter les paroles futiles et de rester silencieux. Au lieu que notre esprit soit sans cesse distrait, essayons de voir s’il peut demeurer en paix. Si nous pratiquons ainsi, notre esprit se tournera dans une direction vertueuse, notre conscience deviendra claire et notre intelligence croîtra. Si nous mettons notre corps, notre parole, et notre esprit au service des huit dharmas mondains, nous gaspillons notre vie ; il nous faut l’utiliser à bon escient pour donner à cette vie humaine du sens et pratiquer le vrai dharma. 

Mikyeu Dorjé n’était jamais égaré par ces distractions. Quelle en est la preuve ? Il aurait pu étendre son pouvoir et son influence grâce à sa relation avec le roi de Jiang ou l’empereur Ming, mais Mikyeu Dorjé ne s’y est jamais employé. Mikyeu Dorjé était hautement considéré et grandement respecté. 

Le Garchèn (le Grand Campement) était connu comme ‘l’Ornement du monde’ et était l’organisation la plus influente au Tibet à l’époque. Les lamas et monastères Karma Kagyu se trouvaient partout au Tibet ; aussi la tradition Karma Kagyu était-elle très puissante aussi bien dans le domaine du dharma que de la politique. Les Tibétains et aussi d’autres peuples considéraient le Karmapa comme le plus grand lama, mais lui n’aimait pas cela : il n’aimait pas être grand et impressionnant, être puissant et essayer d’accroître l’influence de sa secte. Au contraire, il faisait tout son possible pour empêcher que cela se produise. 

La première rencontre entre le roi de Jiang et le Karmapa

Jiang était un petit royaume situé dans les régions frontalières entre le Tibet et la Chine. A l’époque de l’empire tibétain, des histoires mentionnaient Jiang, qui passa sous la domination tibétaine plusieurs fois, en particulier à l’époque du roi Dusong Mangpo – les manuscrits de Dunhuang datent la naissance de Dusong Mangpo à 676 -, qui envahit Jiang et l’annexa. A l’époque de l’empereur mongol, Kublaï Khan, Jiang faisait partie du Yunnan mais, en 1381, pendant la dynastie Ming, les armées Ming envahirent le Yunnan. L’empereur Ming donna aux gens de Jiang le nom de clan de ‘Mu’.   

Le roi de Jiang avait invité le 7e Karmapa, Cheudrak Gyatso, mais il ne put accéder à la demande. Le 13e roi de Jiang, Aya Aqiu, invita le 8e Karmapa peu de temps après son intronisation. A l’époque, le roi contrôlait de nombreuses régions du Kham, et il envoya Lama Tashi de Jiang avec une lettre d’invitation pour le Karmapa qui avait 7 ans. Mikyeu Dorjé voyageait avec le Garchèn ; il traversa le Kham et se rendit à Karma Gœn et Kampo Nénang. Puis il alla à Gyaltang (aujourd’hui Shangri au Yunnan), et de là, il se rendit à Jiang où le Garchèn monta son camp près du palais de Satam. Un éléphant, qui faisait partie de l’escorte militaire, se détacha, alla à la tente du Karmapa, s’inclina puis leva sa trompe en signe de respect. (Le palais du roi de Jiang existe encore de nos jours et le Karmapa montre quatre diapositives de la pagode centrale entourée de bâtiments plus bas).

A l’aube, le roi de Jiang lui-même vint en procession pour accueillir le Karmapa. Le roi était porté sur un palanquin, accompagné de son oncle et de ses jeunes frères qui montaient des éléphants. Le roi descendit du palanquin à la tente du Karmapa  et se prosterna. Un autre éléphant apparut et s’inclina, puis se mit à barrir très fort. Ils demandèrent au cornac pourquoi, et il répondit : « Il est très heureux que le Bouddha soit venu le voir ». Parmi d’autres signes miraculeux, il y eut des arcs-en-ciel et des pluies de fleurs. Mikyeu Dorjé offrit des statues, des soutras, des reliques sacrées et des chevaux tibétains. Tous les soirs, des musiciens jouaient de la musique traditionnelle devant le Campement. 

Une escorte et un palanquin arrivèrent pour emmener Mikyeu Dorjé à une réception au palais. Par respect, le roi l’attendit à la porte du milieu (l’entrée principale) et offrit une khata. Des moines chinois jouaient de la musique ; ils frappaient un énorme tambour qui nécessitait 16 batteurs. Mikyeu Dorjé était assis sur un trône doré, le thé fut servi et on offrit des brocarts de soie, etc. ; les trois reines enlevèrent leurs bijoux et les offrirent au Karmapa. Puis Mikyeu Dorjé conféra les vœux de bodhisattva. Le jour suivant il fut à nouveau invité au palais. 

Beaucoup de résultats positifs sortirent de cette rencontre. A l’époque, le roi de Jiang était impliqué dans divers conflits, mais il s’engagea à ne pas faire la guerre au Tibet pendant 15 ans. Au Jiang, la religion autochtone était semblable à l’ancienne forme du Bœn tibétain et supposait des sacrifices d’animaux. Après la visite de Mikyeu Dorjé, le roi gagna une foi inébranlable en le bouddhisme. Il promit d’envoyer 500 personnes qui deviendraient moines et de construire 100 monastères. Pour finir, il est probable que c’est grâce à la connexion établie par le 8e Karmapa que le 10e Karmapa, Cheuying Dorjé, et d’autres lamas Kagyu purent trouver refuge en ce lieu. 

Le roi de Jiang espérait que Mikyeu Dorjé resterait au Jiang, mais au bout d’une semaine, il reprit le chemin du Tibet. Le Karmapa fit la promesse de revenir sept ans plus tard mais, pour une raison quelconque, ce ne fut pas possible. Cependant, des années plus tard, le royaume de Jiang serait un lieu de refuge pour les Karma Kagyu. 

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