Enseignements du printemps du 17e Gyalwang Karmapa
à l’occasion de l’Arya Kshéma
La vie du 8e Karmapa Mikyeu Dorjé
7e Arya Kshéma
5 mars 2021
1e partie : Ne jamais nuire à un être
Aujourd’hui, Sa Sainteté poursuit l’enseignement sur le 7e acte bon de Mikyeu Dorjé et il introduit le 8e. Si vous vous souvenez d’hier, il a été dit que Mikyeu Dorjé a pratiqué le chemin des trois types d’individus : inférieur, moyen et supérieur. Son 7e acte bon traite de la pratique du premier chemin, celui des individus de capacité inférieure.
Le texte dit :
Une fois que j’ai compris que l’apparition de toute souffrance
est le résultat de mes propres fautes, je n’ai plus pu accomplir en totalité
des actes non vertueux, avec préparation, acte et conséquence.
Je n’ai pas accompli d’acte non vertueux en cette vie.
Je considère ceci comme un de mes actes bons. (7)
Pour Mikyeu Dorjé, il était essentiel de ne jamais faire de tort à aucun être car il savait que le seul résultat serait l’expérience de la souffrance. Selon les Instructions sur l’entraînement dans les histoires de libération de Mikyeu Dorjé – qui explique la signification des Strophes autobiographiques des actes bons – les êtres errent dans le samsara depuis des temps sans commencement parce qu’ils ne savent pas quelles causes conduisent au plaisir et quelles causes conduisent à la souffrance. D’autre part, le parfait Bouddha nous a indiqué ce que nous devons faire et ne devons pas faire. Pour cette raison, dans le 5e acte bon, Mikyeu Dorjé a parlé de prendre refuge dans les Trois joyaux, les seules sources de vertu qui peuvent nous apprendre le chemin qui consiste à laisser tomber les mauvaises actions et à pratiquer la vertu.
Bien que nous ayons repris naissance dans le samsara depuis des temps sans commencement, notre véritable nature est ultimement libre de naissance ou de manifestation, du fait de demeurer et de mort. Malheureusement, nous ne le savons pas. En conséquence, nous avons beaucoup de constructions, de perceptions et de dénis au sujet de cette nature, et nos pensées nous conduisent à errer dans le samsara. Comme nous errons dans le samsara, nous sommes connectés à d’autres êtres – en tant qu’enfants ou parents les uns des autres, etc. – un nombre de fois incalculable. Nous avons fait le bien les uns des autres et établi de grandes connexions de nombreuses fois déjà. Donc, si nous nuisons aux autres plutôt que de faire leur bien, le résultat à pleine maturation sera une expérience de terrible souffrance. En outre, le résultat conforme au tort causé apparaîtra aussi. En d’autres termes, en ne reconnaissant pas que d’autres êtres nous ont non seulement nui, mais nous ont aussi aidés dans ce samsara sans commencement, nous leur faisons du mal, et ensuite nous expérimentons la souffrance qui en résulte. Voici comment le karma fonctionne. Nous avons fait de nombreuses choses qui vont nous causer de la souffrance à l’avenir ; si nous avions commencé par réfléchir à leur véritable nature, nous n’aurions jamais osé les commettre. Aussi, durant toute notre vie, il nous faut préserver cette pensée « Je ne dois jamais oser faire quelque chose qui nuirait à autrui », sans jamais la laisser s’affaiblir. Il nous faut aussi essayer d’empêcher que des pensées de nuire aux autres ne s’élèvent.
Pour ceux d’entre nous qui disent qu’ils sont entrés dans les enseignements bouddhistes – ont étudié le karma, la cause et le résultat, afin de comprendre ce que nous devons faire et ce que nous devons abandonner – et disent appliquer les antidotes de l’attention et de la vigilance, nous devons faire attention quand des problèmes se présentent. Parfois, quand un problème surgit, nous blâmons le lieu, le moment ou quelqu’un d’autre et affirmons : « Je n’ai pas eu d’autre choix », « Je ne contrôle rien », et « ce n’était pas ma faute ». Nous oublions les besoins de la vie prochaine et des vies futures dans le seul but d’éprouver quelque menu plaisir des sens en cette vie, et nous commettons des actes non vertueux. Ce n’est pas ainsi qu’agissait Mikyeu Dorjé. On disait qu’il ne faisait jamais rien qui soit en contradiction avec les enseignements, même s’il était question d’atteindre les plaisirs et le bonheur des dieux en cette vie. Sa Sainteté dit que c’est comme si du poison était caché dans de la nourriture délicieuse et vous savez que vous mourrez si vous la mangez. Une personne saine d’esprit ne mangera pas cette nourriture empoisonnée même si elle a très faim ou soif. De même, quelles que soient les difficultés rencontrées, il n’est pas juste d’abandonner le vrai dharma. Aussi, Mikyeu Dorjé montrait-il beaucoup d’assiduité à abandonner les mauvaises actions et à accomplir la vertu.
2e partie : Réparer les relations et restaurer l’harmonie
Mikyeu Dorjé n’était pas convaincu d’être le nirmanakaya d’un bouddha, comme le pensaient certains de ses disciples. Il pensait qu’on lui avait donné le titre de ‘Karmapa’ en cette vie, non parce qu’il avait les nécessaires qualités de renoncement et de réalisation, mais parce que c’était une bénédiction de toutes les activités des Karmapas précédents et des bouddhas. Dès lors, il voyait plus son titre comme un nom que comme une indication de sa réalisation. Ainsi, disait-il, aussi longtemps qu’il demeurait dans cet état présent qui est celui des agrégats, de la pleine maturation, frappé par la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort, il se protègerait du karma, de la cause et du résultat.
Comment Mikyeu Dorjé pratiquait-il ce qu’il enseignait ? Il essayait de réduire les conflits et le sectarisme qui existaient entre les différentes lignées du bouddhisme tibétain. Mikyeu Dorjé avait conclu que le sectarisme pouvait conduire des individus à abandonner leurs vœux de libération, leurs vœux de bodhisattva et leurs vœux tantriques. Par exemple, des moines partaient se battre, ce qui entrainait la destruction de représentations des Trois Joyaux et le fait d’ôter la vie. Ce type d’actes haineux anéantissait complètement les enseignements bouddhistes et la communauté de la sangha. Mikyeu Dorjé mettait en garde ses disciples pour qu’ils restent à l’écart de tels actes et qu’ils évitent de souhaiter la victoire d’une lignée sur une autre. Bien que l’on pense pratiquer le dharma, si l’on divise les individus en factions et qu’on aide sa propre faction et fait du tort à une autre, on se laisse en fait guider par ses propres souhaits, ses désirs, la haine et l’égarement. Mikyeu Dorjé soulignait que ces actes étaient marqués par l’attachement et l’aversion, et n’étaient pas des actes du dharma.
Le 8e Karmapa savait bien que l’attachement aux objets extérieurs et à son propre esprit (y compris l’attachement à la haine, l’arrogance, etc.) conduit à la disharmonie, aux erreurs et aux problèmes. Il décida donc de quitter la région orientale du Tibet, où les Karmapas étaient populaires et puissants, pour le Tibet central qui était dirigé par des rois dont les gouvernements répondaient à des lois strictes. Les moines de Mikyeu Dorjé durent le suivre dans son périple vers le Tibet central ; ils s’arrêtèrent dans des endroits isolés, mais aussi dans des régions où les gens du pays avaient peu de considération pour le dharma. Mikyeu Dorjé savait que, dans ces endroits, lui et ses moines recevraient moins d’offrandes et de marque de respect. En quittant des régions où ils étaient puissants, les plaisirs sensoriels (et donc l’attachement, l’aversion et les disputes) seraient moins nombreux. En outre, il établit des règles pour les aider à adopter des conditions de vie plus pures, où ils ne pourraient pas prétendre adhérer au vinaya de façon à accepter les offrandes. De plus, il interdit la consommation de viande et d’alcool dans le Grand Campement.
Peut-être vous souvenez-vous d’un enseignement d’il y a quelques jours ; le 7e Karmapa avait fondé le monastère de Toupchèn à Lhassa et le monastère de Yangpachèn dans le nord. Certains moines Guélouk avaient soupçonné les Karma Kagyu d’essayer de les priver d’offrandes, et en conséquence, des signes de disharmonie entre les deux lignées s’étaient fait jour. Mikyeu Dorjé essaya de rendre le monastère au seigneur de Ü, Nédongpa, mais Nédongpa rejeta l’offre. Mikyeu Dorjé décida de quitter le monastère de Toupchèn – il n’y laissa même pas un garde – et le laissa tomber en ruines. Bien que certains disciples Karma Kagyu aient été mécontents que Mikyeu Dorjé néglige un monastère fondé par le 7e Karmapa, Mikyeu Dorjé essayait de rétablir une relation heureuse entre les lignées Guélouk et Karma Kagyu.
Sa Sainteté poursuit en relatant plusieurs exemples de conflits portant sur les rangs, les titres, et la hauteur des sièges, ce qui est, dit-il, une des principales causes de disputes et de rupture des vœux. Au fil des années, divers protocoles dictant comment marquer le rang et le respect ont vu le jour, y compris sur la manière d’offrir une khatag (écharpe en soie) ; il est indiqué qui doit se prosterner devant qui, et on mesure la hauteur des trônes et des coussins ( à statut élevé, siège élevé). Des désaccords sont nés concernant le rang, le protocole, la position et le statut, i.e. les formes extérieures de la marque du respect. Mikyeu Dorjé comprit que ces conflits étaient nuisibles aux enseignements bouddhistes, aussi essaya-t-il de les empêcher. Par exemple, quand des gens venaient se mesurer à lui, il les traitait bien mais sans particulièrement se rabaisser ni les élever de façon inconsidérée. Mikyeu Dorjé recevait aussi des gens même si ceux-ci ne se prosternaient pas ni ne lui préparaient son siège. Certains le critiquaient à cause de cela ; ils disaient que toute la grandeur, l’influence et la mystique des Karmapas avaient disparu, qu’« il occupait autrefois une position aussi élevée que celle du soleil mais que, maintenant, il était redescendu sur terre et c’était épouvantable. » Mais, c’est ainsi qu’il voulait empêcher les conflits et ne pas nuire aux enseignements bouddhistes.
Les rangs, les statuts, la hauteur des sièges et les privilèges ont fait leur apparition après la rencontre des lamas tibétains avec les empereurs chinois et mongols. Les empereurs invitèrent les lamas tibétains dans leur région, leur offrirent des sceaux et des cachets de différentes couleurs, et leur conférèrent des rangs et des positions élevés. Cette tradition des rangs, positions et privilèges n’existait pas auparavant au Tibet. Dans le vinaya, l’ancienneté dépend de la date où la personne a pris les préceptes. Dans le vajrayana, c’est le degré de réalisation qui marque la séniorité. Dans les grands monastères du Tibet central, les moines devaient attendre derrière les portes closes avant de trouver un siège. Quand les portes s’ouvraient, ils se ruaient à l’intérieur et le premier arrivé au premier rang s’y installait. Ce n’est qu’après la rencontre avec les empereurs mongols et chinois que des positions, des privilèges et des rangs furent accordés. Avant cela, il n’était pas question de rang ni de privilège.
Mikyeu Dorjé essayait de lutter contre le grand courant de négativités à l’intérieur de lui, et il essayait également de l’interrompre chez les autres. Il donnait des instructions aussi bien aux religieux qu’aux laïques afin qu’ils abandonnent la non-vertu. Comme il est écrit dans le Soutra de la Prajnaparamita :
Un grand bodhisattva, qui a atteint le niveau irréversible, abandonne les dix actes non-vertueux, incite les autres à les abandonner, déclare qu’il est excellent de les abandonner, et agit en conséquence.
En voyant Mikyeu Dorjé ou en l’entendant enseigner, beaucoup de gens prenaient l’engagement d’arrêter de tuer, de voler, de renier leurs serments ou d’être malhonnête en affaires. D’autres prenaient l’engagement de sauver des vies humaines ou animales, de libérer des prisonniers ou de réciter 100 000 000 mantras de mani. Il faisait promettre aux gens de ne pas endommager les temples ou les représentations du corps, de la parole et de l’esprit du Bouddha. Il faisait respecter les vœux de jeûne et demandait aux gens de devenir végétariens. C’est essentiellement pendant la cérémonie de la Coiffe noire que les gens prenaient ces engagements. En conseillant aux religieux et aux laïques d’abandonner les négativités et de pratiquer la vertu, à court terme il leur évitait une renaissance dans les royaumes inférieurs, et il leur ouvrait la voie vers des royaumes supérieurs, pour les amener ultimement à l’état de Bouddha. C’est la marque d’un grand être. Si nous croyons que ceci est vrai et avons un sentiment profond envers ceux qui ont conduit de nombreux êtres à abandonner les négativités et à pratiquer la vertu, nous en recevrons un grand bienfait. Essayer de se montrer à la mode, obtenir un rang élevé et une position, et critiquer les grands êtres, tout ceci n’a rien de bon ; nous devons éviter ces comportements le plus possible.
3e partie : Le 8e acte bon – pratiquer le chemin de l’individu moyen et éliminer la vue nuisible du soi
A moins de traverser complètement l’océan de la naissance et de la mort,
nulle part dans les trois royaumes, les plaisirs et les richesses ne sont permanents.
Je me suis demandé : quand vais-je libérer pour toujours
des trois royaumes du samsara tous les êtres qui emplissent l’espace?
Je considère ceci comme l’un de mes actes bons.
Le 8e acte bon de Mikyeu Dorjé traite de la façon dont il a pratiqué le chemin de l’individu moyen. Ceci a trait au fait qu’il est nuisible d’entretenir une vue du soi et d’avoir des perturbations dans notre être. Dans le chemin de l’individu inférieur, le point le plus important est de ne pas nuire à autrui. C’est la voie du karma, de la cause et du résultat. Cependant, à court terme, ne pas faire de mal aux êtres ne signifie pas qu’ils sont tout à fait libérés du mal parce que, dans le continuum de l’être, il y a le karma et les perturbations qui sont la base de la cause du mal. Il existe aussi un nombre infini d’êtres avec lesquels ils ont une connexion karmique et qui sont susceptibles de leur faire du tort.
Si nous évitons de créer du mauvais karma, même si tous les êtres se liguaient pour nous nuire, ils n’y parviendraient pas. Si nous ne commettons pas les actes qui conduisent à une renaissance dans le samsara, aucun être ne peut nous y jeter ou nous précipiter dans les royaumes inférieurs. Ce qui nous nuit finalement, c’est la vue du soi et les perturbations qui sont en nous. Les perturbations génèrent notre motivation, et les actes concrets que nous faisons, le karma, constituent nos mauvaises actions. Il n’y a pas de mal plus grand ou plus fondamental que cela.
Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas considéré la vue du soi et les perturbations comme notre ennemi ou la cause de tout mal. En fait nous voyons l’attachement à l’ego comme notre conseiller. Les pensées qui amènent à se chérir soi-même ont pour résultat l’accumulation de mauvaises actions et de négativités. La Terre verra sa destruction à la fin d’un kalpa, soit par le feu soit par l’eau, et tous les êtres et leurs possessions seront détruits, mais on ne peut pas arrêter le continuum des êtres. Pour interrompre le cycle de la renaissance dans le samsara, il nous faut nous entraîner aux méthodes et à la sagesse, qui peuvent nous libérer du karma et des perturbations.
La méthode consiste à s’entraîner à faire ce que nous devons faire et à éviter de faire ce que nous ne devons pas faire selon les Quatre Vérités, ce qui inclut : reconnaître le karma, voir la souffrance comme si c’était une maladie, voir la Vérité de l’origine comme la cause, connaître les Quatre Nobles Vérités, etc. Ceci est enseigné dans les trois véhicules, dans les soutras et les tantras. Pratiquer ceci est indispensable. En outre, il nous faut avoir un vrai ressenti ou une expérience plutôt que de s’appuyer sur une simple compréhension. Par exemple, nous devrions considérer les perturbations dans notre être comme des serpents venimeux ; puis il faut générer l’intention, la diligence et un fort sentiment qu’il faut leur échapper. Mikyeu Dorjé disait aux gens qu’à moins d’éliminer complètement la maladie pernicieuse de la vue du soi, être libéré des royaumes inférieurs ou obtenir des plaisirs samsariques ne suffisent pas.
Mikyeu Dorjé s’inquiétait profondément pour ceux qui manquaient de nourriture ou de vêtements, ou qui étaient dans des situations désespérées exactement comme si cela lui arrivait à lui. Même en cas d’une amélioration temporaire, il s’inquiétait malgré tout. Il pensait : « Ils sont libérés des difficultés pour l’instant, mais est-ce que cela compte comme une vraie libération ? » Il savait que, jusqu’à la libération complète, ils devraient faire l’expérience d’une souffrance sans fin dans le samsara. Cependant, même s’il craignait les souffrances du samsara pour lui-même et ne pouvait supporter la pensée de la souffrance des autres, il savait qu’il pouvait aider les êtres. Il disait que le moyen de nous libérer de la souffrance est l’étude et la pratique de ce que le Bouddha a enseigné. La méthode est la pratique des Quatre Vérités, et la sagesse est la réalisation des deux types d’absence de soi. Il travaillait dur pour se familiariser avec ceci, et il disait aux autres de pratiquer les Quatre Nobles Vérités de cette manière.
Sa Sainteté met en garde contre une pratique du dharma dans le seul but d’obtenir le bonheur en cette vie. Il remarque que certaines personnes disent que, si elles n’ont pas une belle maison ou si elles ont des problèmes familiaux, elles ‘manquent de mérite’. Elles pensent que la pratique du dharma a pour but d’apporter le bonheur en cette vie et d’être libre de la souffrance, et elles pratiquent avec cette motivation. Elles vont voir des lamas qui leur disent qu’il n’y a pas de réel problème, que tout ce qui apparaît est le déploiement du dharmakaya. Les lamas leur conseillent de rester posé dans les apparences confuses telles qu’elles sont, sans distraction, et que tout ira bien. « Restez juste assis », disent les lamas à leurs étudiants. Mais beaucoup de gens ne se satisfont pas de cette réponse. Alors ils essaient d’écouter, de méditer et de contempler le dharma, mais ils font cela afin d’obtenir le bonheur en cette vie. Cela ne sert à rien. Mikyeu Dorjé ne ferait jamais cela, dit Sa Sainteté. Nous écoutons, méditons et contemplons le dharma pour atteindre la libération et l’état de bouddha, et non pour obtenir des plaisirs temporaires en cette vie.
Voilà une brève description de la façon dont Mikyeu Dorjé a pratiqué le chemin de l’individu moyen. Le reste du texte traite de comment il a pratiqué le troisième chemin, celui des individus supérieurs.
4e partie : Mikyeu Dorjé sur le végétarisme
Sa Sainteté veut expliquer plus en détail pourquoi Mikyeu Dorjé ne mangeait pas de viande.
Dans les grands monastères, à l’époque, on tuait beaucoup d’animaux. Également, les gens souhaitaient parfois offrir de la bonne nourriture aux lamas et à leur entourage et alors, on offrait beaucoup de viande. Mikyeu Dorjé voyait toutes les difficultés que cela causait, et partout où il allait, il amenait habilement les gens à arrêter de manger de la viande.
En premier lieu, en interdisant la consommation de viande, Mikyeu Dorjé revenait aux traditions des Karmapas précédents, qui n’autorisaient pas la viande ni l’alcool dans le Grand Campement. Deuxièmement, quand Mikyeu Dorjé a été mis sur le trône du Karmapa alors qu’il était enfant, il n’avait pas beaucoup de liberté ni de pouvoir. Tout le pouvoir était entre les mains des responsables du Campement et d’une des épouses. A l’époque, tous les animaux offerts au Campement étaient tués et leur chair mangée. Quand Mikyeu Dorjé était jeune, les gens venaient le voir et lui disaient qu’ils avaient besoin de faire des Ganachakras avec de la viande et de l’alcool. Mikyeu Dorjé avait le sentiment que cela n’allait pas du tout. Les gens du Campement ne respectaient plus les traditions antérieures du Campement, mangeaient de la viande sans modération et buvaient de l’alcool. Quand Mikyeu Dorjé eut gagné un peu de pouvoir et d’influence, il établit une règle stricte qui interdisait la consommation de viande et d’alcool.
Non seulement il limita la consommation de viande dans le Grand Campement, mais il encouragea le végétarisme chez tous les Tibétains. Dans le commentaire de Mikyeu Dorjé sur le vinaya, l’Orbite du soleil, il dit que même quand on fait Gutor, le rituel de Mahakala à la fin de l’année, on ne doit pas inclure de viande dans les offrandes. Dans l’index de ses œuvres complètes, son conseil aux Tibétains était qu’il n’est pas acceptable de manger la viande d’animaux sans défense.
Au cours de la session suivante, Sa Sainteté aimerait enseigner sur le Grand Campement, qui est intimement lié aux activités et à la vie de Mikyeu Dorjé. Comprendre comment et pourquoi il a été créé peut nous éclairer sur les intentions et les actions du 8e Karmapa. Comme à l’heure actuelle, il n’y a pas de Grand Campement, il nous est difficile de nous faire une image mentale de ce qu’il était, de à quoi il ressemblait, et de comment il s’est développé. Mais, enseigner sur le Grand Campement sera un exercice délicat pour Sa Sainteté car les renseignements à ce sujet sont disséminés dans un grand nombre de textes.
Sa Sainteté conclut l’enseignement du jour par les prières de dédicace.