Jour 17 : Sa Sainteté parle du végétarisme

Enseignements du printemps du 17e Gyalwang Karmapa
à l’occasion de l’Arya Kshéma

La vie du 8e Karmapa Mikyeu Dorjé

7e Arya Kshéma
13 mars 2021

Après les prières d’ouverture, Sa Sainteté adresse ses chaleureuses salutations à tous les enseignants des différents monastères, aux lamas, aux tulkous, aux étudiants des shedras, et en particulier aux nonnes, ainsi qu’à tous les amis du dharma, hommes et femmes, qui suivent l’enseignement en direct.

Sa Sainteté continue l’enseignement de la veille sur la question de la  consommation de viande, et les trois façons d’établir la pureté de la viande.

Le Bouddha fixa des règles et enseigna à ses étudiants monastiques que la nourriture ne devait pas être trop abondante et qu’ils devaient vivre des aumônes. Faire la tournée des aumônes comportait le risque que les fidèles bienfaiteurs tuent des animaux au profit de la sangha. En conséquence, le Bouddha fixa des règles concernant la consommation de viande qui est pure des trois façons, par exemple en n’autorisant pas ses étudiants à manger la viande d’un animal qui avait été spécifiquement tué pour eux.

Dans la société indienne de l’époque, le Bouddha fut critiqué parce qu’il autorisait ses moines et ses nonnes à manger de la viande. La critique venait de ceux qui étaient végétariens, comme les Jaïns ou d’autres non-bouddhistes, et même de certains de ses disciples. Le principal critique était Dévadatta.

Dévadatta était le cousin du Bouddha, le fils de son oncle Amritodana. Après avoir rejoint la communauté monastique bouddhiste, il entra en compétition avec le Bouddha et finit par quitter la sangha. Il fonda sa propre communauté monastique et une école philosophique, et même après sa mort, ses disciples continuèrent à maintenir la tradition. Aux 4e et 5e siècles, quand les moines chinois Faxian et Xuanzang se rendirent en Inde, la tradition du dharma de Dévadatta existait toujours. Dans leurs notes de voyage, ils écrivaient que, dans la tradition de Dévadatta, les gens prenaient refuge en les trois bouddhas du passé, Kanakamouni, Kashyapa et Krakoucchamda, mais pas en Bouddha Shakyamouni. Cette tradition perdura jusqu’au 8e siècle. 

Alors que le Bouddha était encore de ce monde, Dévadatta causa un schisme dans la Roue de la sangha, ce qui veut dire que les religieux bouddhistes étaient divisés en deux camps. En outre, Dévadatta fit couler le sang du corps du Bouddha avec une intention malveillante, c’est-à-dire qu’il voulait en fait assassiner le Bouddha, ce qu’il essaya de faire de différentes manières. Il avait ainsi commis un des actes de haine, qui conduisent à la rétribution karmique immédiate ; et donc, selon les Écritures du Véhicule fondamental, dès la mort de Dévadatta, il reprit naissance en enfer. Cependant, selon le Soutra Mahayana Avatamsaka, une prophétie dit que Dévadatta s’éveillerait à l’état de bouddha à l’avenir. Certains des soutras du mahayana déclarent que Dévadatta était là comme le concurrent du Bouddha afin de montrer la grandeur du Bouddha, et qu’il était en fait une émanation vouée à montrer aux êtres ce qui leur arriverait s’ils commettaient un des actes de haine. Cependant, Dévadatta suggéra que le Bouddha devait instaurer cinq préceptes supplémentaires, qui incluait l’interdiction totale de manger de la viande ; le Bouddha ne fut pas d’accord et il en résulta un schisme dans la communauté monastique bouddhiste. La majorité suivit Dévadatta. Quant aux cinq austérités, les affirmations diffèrent selon la tradition du vinaya des différentes écoles. On peut en trouver une description claire dans les Cinquante versets du vinaya de la tradition tibétaine, ainsi que dans les grands commentaires sur le vinaya.

Bien que ces cinq austérités soient classées de diverses manières, elles incluent toutes le végétarisme. Pendant que le Bouddha était encore sur cette terre, il ne dit pas à ses moines et nonnes qu’ils ne devaient pas manger de viande du tout, mais qu’ils devaient seulement manger de la viande qui a les trois puretés. Dévadatta, au contraire, disait qu’ils devaient complètement s’abstenir de manger de la viande et pratiquer un végétarisme pur. 

Bhavaviveka dans son Flamboiement du raisonnement et également d’autres maîtres plus tardifs dirent que si l’on suivait le véhicule fondamental, on devait manger de la viande car si on le faisait pas, on allait pratiquer les austérités de la façon suggérée par Dévadatta. 

Sa Sainteté rappelle alors un texte sur le vinaya par Amalamitra et la Grande Exposition, un des textes racines des quatre écoles philosophiques (c’est-à-dire : l’école de la Grande Exposition, l’école des Soutras, l’école de l’Esprit seul et l’école de la Voie du milieu). L’essentiel de qui est dit est que, parmi les disciples du Bouddha, Mahakashyapa était celui qui avait le plus de contentement et la plus grande réalisation. Et celui qui se montrait le plus vigilant pour la nourriture et avait la conduite la plus stricte était Bakoula. La différence entre les deux était que Mahakashyapa mangeait toutes les aumônes reçues, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, alors que quand Bakoula recevait de la bonne nourriture, il la laissait et ne mangeait que la mauvaise nourriture. Les grands maîtres de l’école de l’Exposition ont plus tard expliqué ceci de différentes manières. Selon eux, Bakoula ne mangeait pas la meilleure nourriture parce que ce type de nourriture comprenait de la viande ou des préparations élaborées. Et si la viande faisait partie de cette nourriture – ces aliments étaient faits de la chair et du sang d’animaux -, alors cela supposait qu’on avait tué des êtres. C’est donc par compassion qu’il déclinait de manger ces offrandes. 

La question qui se pose est la suivante : quand Bakoula faisait la tournée des aumônes, est-ce qu’il acceptait ces offrandes d’aliments les meilleurs et ensuite les jetait, ou bien est-ce qu’il ne les acceptait pas dès le début ? S’il ne les acceptait pas, il allait alors à l’encontre des règles énoncées par le Bouddha selon lesquelles ses disciples religieux n’étaient pas sensés faire des choix quand ils recevaient des offrandes. Si, d’un autre côté, on acceptait une offrande pour ensuite la jeter, alors on commettait la faute qu’est le gaspillage. 

Alors, que faisait Bakoula ? On dit qu’il avait l’ œil divin et que, pendant sa tournée d’aumônes, grâce à sa clairvoyance il pouvait voir les donateurs qui avaient les plus mauvaises aumônes et aller droit vers eux. Ainsi, il n’accumulait pas de négativité (pour avoir gaspillé la nourriture, etc.). De même, il est dit dans le Angulimalasutra que Mahakashyapa demeurait dans les douze qualités de l’entraînement, et qu’il avait aussi une pratique végétarienne pure. 

En regardant diverses citations, nous comprenons qu’à l’époque du Bouddha, de nombreux moines et nonnes suivaient un régime végétarien. Par exemple, les membres de la sangha issus de familles brahmanes ne mangeaient pas de viande depuis des générations et étaient bien incapables d’en manger. Sa Sainteté ne pense pas que le Bouddha ait fixé pour règle que ceux qui n’étaient pas à l’aise avec la consommation de viande devaient en manger. 

Dévadatta avait établi la règle de s’abstenir complètement de manger de la viande essentiellement à cause de sa motivation. Dévadatta, étant le cousin du Bouddha, était orgueilleux et pensait être son égal. Il se sentait en concurrence avec lui et contestait la règle du Bouddha qui permettait la consommation de viande pure des trois façons. Il voulait instaurer une règle encore meilleure, et par orgueil et esprit de compétitivité, il établit sa propre règle. Est-ce qu’il l’a fait par compassion pour les animaux ? C’est difficile à dire. Dévadatta pensait qu’il n’autoriserait pas ses disciples à manger de la viande de façon à être plus hautement considéré par les gens, puisque la consommation de viande implique qu’on inflige de la souffrance à des êtres. Ainsi, une partie de la motivation de Dévadatta était erronée et l’énoncé de cette nouvelle règle ne fut guère motivé par un sentiment de grande compassion pour les animaux. 

Dans les premiers temps du bouddhisme et de la diffusion des 18 écoles philosophiques, la plupart des bouddhistes disaient que l’on ne devait manger que de la viande qui est pure des trois façons. Plus tard, quand la tradition du mahayana s’est mise à fleurir en Inde, en particulier à l’époque du Grand soutra du Parinirvana, le Soutra des voyages à Lanka, le Soutra pour faire le bien d’Angoulimala, le Soutra du Noble nuage de joyaux, le Soutra de la force de l’éléphant, le Soutra du Grand nuage, et plus spécialement les soutras de l’essence qui enseignent la nature de bouddha, il est mentionné que même manger de la viande qui est pure des trois façons n’est pas acceptable. Ainsi, les enseignements sur la pratique du végétarisme devinrent dominants.

Dans le mahayana, on doit penser à tous les êtres comme s’ils étaient nos parents, et si vous les considérez vraiment comme vos pères et vos mères, pas seulement en paroles mais du fond du cœur, il devient alors difficile de manger leur chair. Si nous mangeons la chair d’êtres sensibles, ceci entache notre esprit, notre esprit s’endurcit, et à terme nous avons moins d’amour et de compassion. 

Dans les soutras de l’essence, il est enseigné que tous les êtres ont la nature de bouddha et pour cette raison on ne doit pas manger leur chair. A ce point, Sa Sainteté Karmapa suggère que, si l’on souhaite en lire d’avantage sur ce sujet, on peut se référer aux soutras du mahayana mentionnés ci-dessus. 

En chinois, il existe un soutra qui s’appelle le Sage omniscient ne mangeant pas de viande par compassion, ce qui signifie qu’à l’époque de Maitreya, on mettait essentiellement l’accent sur la compassion et si les moines et nonnes de l’époque mangeaient de la viande, ils étaient défaits et brisaient leurs vœux. On dit que c’est une prophétie faite par le Bouddha. 

Dans la tradition du mahayana, la plupart des soutras qui interdisent la consommation de viande furent enseignés pendant le troisième tour de la Roue du dharma. Maitreya est celui qui enseigne la nature de bouddha et qui a écrit des traités tels que le Continuum Sublime

Quand on lit le Soutra du Mahaparinirvana, la raison donnée pour autoriser la consommation de viande qui est pure des trois façons était de permettre de devenir végétarien petit à petit au lieu de le faire d’un coup. Il ne s’agit pas d’une règle qui dit qu’on doit manger de la viande. Il est difficile de savoir si c’est un fait historique et si  les gens pratiquaient en conséquence. Cependant, les pratiquants des écoles du Véhicule fondamental n’étaient pas d’accord ; selon le Soutra du Mahaparinirvana, on ne devait pas manger de viande après la mort du Bouddha car c’était un soutra du mahayana.

Dans Questions et réponses avec Jangdak Namgyal Draksang (roi du Tibet, particulièrement érudit dans l’astrologie du Kalachakra, émanation de Péma Karpo ou Lotus blanc), le Seigneur Guèndun Droup déclare que dans le Soutra du Mahaparinirvana, les moines et nonnes n’avaient pas le droit de manger de la viande après l’entrée en nirvana du Bouddha et que le soutra s’adressait essentiellement aux moines et nonnes du mahayana. 

Selon le mahayana, à cette époque, la viande était prohibée par compassion, le contre-argument étant que l’agriculture tue aussi beaucoup d’êtres comme les insectes. Dans le Soutra d’Agoulimala, Manjushri expose cet argument au Bouddha : beaucoup de gens maintiennent qu’on ne doit pas manger de viande car on nuit aux êtres, alors assurément, on ne doit pas non plus être autorisé à labourer les champs. Et on ne doit pas être autorisé à utiliser de l’eau pour cuisiner parce que cela cause du tort aux êtres. Le Bouddha répondit que c’était une façon mondaine de penser. Si ce devait être le cas, sans les laïques qui ont besoin de cultiver la terre pour produire de la nourriture, personne ne pourrait atteindre l’état de bouddha. Il y a des êtres dans le sol, dans l’eau et dans l’air, et il serait impossible d’éviter les actes négatifs et le mal qu’on fait aux êtres. 

Sa Sainteté souligne qu’il y a une chose à prendre en compte dans ce contexte, c’est-à-dire que pour obtenir de la viande, on tue des êtres expressément, alors que les insectes ne sont pas tués intentionnellement pendant les labours ; il faut comprendre cette différence. Si on pense de façon trop étroite, en fait on ne peut pas mettre cela en pratique car on n’est pas autorisé à faire quoi que ce soit.

En bref, dans le mahayana, l’accent porte sur l’amour et la compassion pour les êtres, et dans les soutras du mahayana, la consommation de viande est interdite ; c’est la raison pour laquelle la plupart des moines et nonnes dans les pays du mahayana sont devenus végétariens. 

Par exemple, en Chine, la pratique du végétarisme débuta environ 500 ans après la diffusion du bouddhisme en Chine. Auparavant, les religieux pratiquaient le végétarisme s’ils le souhaitaient mais ils n’avaient pas nécessairement à abandonner la viande. Par la suite, il y eut un grand mouvement pour renoncer à la viande, mouvement conduit par l’empereur Wu de Jiang, qui vivait au 6e siècle (502-549). Il avait une grande foi en le bouddhisme, s’engagea sur la voie monastique trois fois et passait beaucoup de temps à lire les Écritures bouddhistes. En lisant les soutras du mahayana, il y trouva nombre de ces affirmations qui mettent l’accent sur le fait de renoncer à la viande par amour et compassion pour les êtres. Ceci eut sur lui une grande influence et il fixa des règles pour interdire les sacrifices de viande dans les temples et la fabrication de médicaments à partir de produits animaux. En outre, il s’appuya sur les soutras du mahayana pour écrire une lettre stipulant que les moines et nonnes ne devaient pas manger de viande. Il invita aussi au palais 198 moines et nonnes pour discuter de la question de savoir si, selon le mahayana, la consommation de viande était correcte. L’empereur avait préparé plus de 50 questions et il demanda aux défenseurs du vinaya de répondre. Grâce à lui, le végétarisme se répandit largement à travers le pays et parmi les communautés monastiques.

Au Tibet, certains prétendent que le végétarisme est une pratique bouddhiste chinoise, et non tibétaine. Cependant, le végétarisme n’est pas quelque chose de nouveau au Tibet. Ce sont en général des problèmes liés à la géographie, l’altitude et le manque de technologie qui ont rendu très difficile d’arrêter de manger de la viande et de cultiver des légumes. La pratique principale était de consommer de la viande qui était pure des trois façons. Plus tard, après plusieurs générations et de nombreuses années, les règles se relâchèrent et les gens se mirent à manger n’importe quelle viande  proposée. Les monastères avaient des abattoirs ou bien faisaient tuer des animaux. C’est ainsi qu’apparurent de nombreuses situations inacceptables et en contradiction avec le vinaya. Et c’est pourquoi beaucoup de grands  êtres, tels que Dolpopa Shérab Gyaltsèn, Ngorchèn Kunga Zangpo, Shabgar Tsogdrouk Rangdrol, Nyala Pema Dundul, Shardza Tashi Gyaltsèn, le 14e Dalaï-Lama, Khènpo Jigmé Puntsok et d’autres arrêtèrent de manger de la viande et s’exprimèrent en faveur d’un régime végétarien.

Maintenant, au 21e siècle, la plupart des monastères au Tibet et à l’extérieur ont cessé de servir de la viande dans les cuisines collectives ; nombreux sont les membres de la sangha devenus végétariens et on trouve plusieurs mouvements végétariens dans la société tibétaine. Bien sûr, les gens ont des opinions différentes sur ce sujet et beaucoup de questions restent à étudier. En tout cas, Sa Sainteté pense qu’il n’est pas bon que les végétariens critiquent les mangeurs de viande et que les mangeurs de viande dénigrent les végétariens, allant même jusqu’à la dispute. Ainsi, si nous pratiquons le végétarisme mais que notre motivation n’est pas pure, nous devenons comme Dévadatta dont le renoncement à la viande était devenu un acte non conforme au dharma. Soyons vigilant quant à notre motivation !

Après la pause, Sa Sainteté poursuit en parlant des innombrables ancêtres Kagyu qui ont donné l’exemple, comme Milarépa. Les œuvres complètes racontent qu’il était dans la Grotte-ventre de Nyanang avec Réchoungpa, qui ne voulait pas écouter ses conseils. Réchoungpa était assailli par des pensées des huit soucis mondains, et quand Milarépa lui dit de les abandonner, Réchoungpa fit valoir que les textes du dharma disaient que si l’on avait abandonné son pays natal – ce qu’il avait fait – on avait accompli la moitié de la pratique du dharma. Milarépa répondit que ce n’était que des mots, sans grand bienfait ; il lui donna de nombreuses instructions mais qui n’aidèrent pas beaucoup Réchoungpa. 

Un jour, Milarépa et Réchoungpa allèrent au marché dans la vallée de Nyanang pour mendier de la nourriture. Au marché, il y avait surtout des bouchers avec des tas de viande, des tas de têtes d’animaux, de sang et d’animaux à abattre, etc. Au milieu, se trouvait un boucher. Le Karmapa explique qu’une façon de tuer les animaux est de les étouffer. Une autre méthode consiste à leur ouvrir le ventre et à couper l’artère du cœur. Alors que le boucher essayait de tuer un mouton avec cette dernière méthode, l’animal s’échappa et il courait avec les intestins qui pendouillaient. Il se dirigea vers Milarépa pour trouver protection et c’est là qu’il mourut. Milarépa en éprouva une telle compassion qu’il se mit à pleurer. Il fit immédiatement le transfert de conscience pour le mouton et le mit sur la voie du bodhisattva. Par compassion, il chanta ce chant :

E MA ! Êtres sensibles du samsara,

Regardez vers le chemin de la libération.

Hélas ! Certains ici ont tant de négativité – quelle honte !

Ignorant le karma dans cette naissance humaine pourvue des libertés,

Qu’il est terrible de tuer des êtres !

Que cet aveuglement est regrettable !

Quelle honte, en effet, de tuer ses parents !

Que faire de cet entassement de chair tuée ?

Que faire de cette accumulation de sang ?

Manger de la viande, quelle que soit notre faim ;

Quelle perception confuse, ne pensant à rien ;

Quelle négativité sans compassion ;

Ignorance trompeuse qui a tout voilé ;

Que peut-on faire d’une telle production de négativité ?

Infligeant des supplices comme ils l’entendent ;

Quelle méchanceté ont ceux qui agissent ainsi ;

Quelle honte ! Oh, quelle tristesse et quel cœur douloureux !

Si affairés à la négativité dans tout ce qu’ils font,

Que, plus tard, ils auront tout oublié.

Quand je vois de telles personnes, j’ai peur pour elles.

Pensant à ceux qui ont une conduite si négative, je suis troublé.

Réchoungpa, est-ce que cela ne te fait pas penser au sublime dharma ?

Si c’est le cas, alors fais naître la tristesse et le désenchantement.

Si tu médites, va dans des retraites de montagne.

Si tu contemples, contemple la bonté du gourou. 

Si tu échappes à quelque chose, échappe-toi de la racine de la non-vertu.

Si tu abandonnes quelque chose, abandonne les actions mondaines.

Si tu gardes quelque chose, garde ta promesse de pratiquer.

Si tu comprends, alors dirige ta vie vers le dharma. 

Sa Sainteté explique que ce chant nous dit essentiellement de regarder tous les êtres avec compassion. Nous devons arrêter de nous leurrer et nous rendre compte que ce sont les êtres, nos parents, qui meurent. Les gens mangent de la viande sans aucun scrupule du tout. Sa Sainteté ajoute que, pour sa part, il a trouvé ce chant très bénéfique. 

Après avoir vu ce mouton mourir sur le marché, Réchoungpa avait ressenti un certain dégoût du monde et le souhait de libération. Il dit à Milarépa qu’il allait maintenant abandonner les huit dharmas mondains, abandonner la nourriture néfaste et rester dans les montagnes. Parmi les gens du marché des bouchers, nombreux avaient foi en eux et leur faisaient de grandes offrandes, mais comme les offrandes consistaient principalement de viande, Milarépa et Réchoungpa ne les acceptaient pas et ils finirent par partir pour Lachi.

Si nous pensons à l’ancêtre de la lignée Kagyu Gampopa et ses étudiants, tels que Pakmodroukpa et ses disciples, ils étaient nombreux à pratiquer le végétarisme. De même, dans la tradition Karma Kamtsang, du 4e Karmapa, Reulpé Dorjé, jusqu’au 10e Karmapa, Cheuying Dorjé, il y avait une règle stricte contre la consommation de viande dans le Garchèn et aussi dans les monastères Kamtsang. Les végétariens étaient tenus en haute estime et on faisait leur louange.

Le maître non-sectaire, le 1er Jamgœn Kongtrul Lodreu Thayé, a écrit :

Pour moi, le poids des offrandes est assurément un grand fardeau, mais par la bonté des enseignements du Grand Sage, et en particulier grâce à la rencontre avec le Mantra secret du vajrayana, mes vœux racines et samayas ne sont pas rompus. Il est impossible de ne pas endommager les vœux secondaires, mais il n’est pas logique de penser que les méthodes de confession ne sont pas importantes. Même s’il n’y a pas d’espoir de totale pureté, il est possible d’obtenir un simple corps humain, et je prie qu’alors je renaisse dans un pays où il n’est pas nécessaire de manger de la viande. 

Il se confessait sans cesse. N’ayant pas l’espoir de renaître dans une terre pure, il pensait néanmoins qu’il était possible d’obtenir un corps humain et il faisait des souhaits pour renaître dans un lieu où il n’aurait pas à manger de la viande. Sa Sainteté explique qu’il y a beaucoup d’exemples similaires.

A l’époque du Bouddha, les moines et nonnes pratiquaient exactement comme il était enseigné dans le vinaya puisqu’ils en avaient les facilités. Mais de nos jours, la vie monastique a beaucoup changé, comparée à l’époque du Bouddha. A part dans quelques pays Theravada ou pays de la ‘transmission du sud’, dans le bouddhisme tibétain et dans les traditions de la ‘transmission du nord’, la tradition de la tournée de l’aumône quotidienne a cessé depuis longtemps. Dans les monastères, les repas sont préparés pour la sangha. En conséquence, il faut aussi acheter et stocker beaucoup de nourriture, et si un monastère devait acheter une grande quantité de viande pour les moines et nonnes, il serait difficile de dire si elle était pure des trois façons. 

A l’époque du Bouddha, cependant, quand les moines et nonnes faisaient la tournée des aumônes, ils prenaient ce qu’on leur donnait et ils n’avaient aucun contrôle. Mais de nos jours, quand nous achetons de la nourriture pour la sangha, c’est sous notre contrôle ; nous avons le choix. Dans le passé, quand les moines et les nonnes des monastères mangeaient de la viande, des boucheries s’ouvraient près des monastères, et quand les communautés arrêtaient de manger de la viande, ces boutiques fermaient rapidement. Donc, le mode de vie des moines et nonnes a changé de façon radicale entre le temps du Bouddha et maintenant, et il nous faut le comprendre.

Puis, Sa Sainteté raconte que, quand il était jeune nomade, il aimait bien la viande. Une fois par an, des bouchers chinois venaient abattre les animaux. Pourtant, quand il voyait que les animaux qu’on étouffait ne mouraient pas tout de suite et que leur corps était couvert de sueur, il se mettait à crier et à sauter dans tous les sens. Plus tard, quand on savait qu’on allait tuer des animaux, on l’emmenait ailleurs, loin de cette scène. Une fois la viande cuite, on la servait et il la mangeait car c’était la coutume. Sa Sainteté reconnaît que, non seulement il la mangeait, mais en plus il l’appréciait. Sa Sainteté ajoute que le monastère de Tsourpou avait de la viande séchée délicieuse ; aussi quand il arriva en Inde, il trouva la viande indienne plutôt fade. Au Tibet, il n’avait jamais mangé de la viande de chèvre mais en Inde on lui en a servi plusieurs fois. 

Sa Sainteté explique qu’il changea d’attitude après avoir vu une vidéo qui montrait des animaux qu’on abattait. Il n’a plus pu manger de viande, et il prit la décision d’arrêter complètement. Il se rendit compte que, dans cette vie, il est dans une position où il n’a pas besoin de prendre la vie d’un être pour vivre. Comme il n’y a aucune garantie que ce sera encore le cas dans les vies futures, Sa Sainteté a fait le souhait de ne jamais renaître dans un corps dans lequel il aurait besoin de prendre la vie d’autres êtres ; il a composé une strophe qui dit ceci :

« Si je pense aux souffrances des êtres vivant sous la voûte céleste, alors je ne veux pas être séparé d’eux ; il faut que je renonce à manger de la viande. »

Le Karmapa n’avait pas l’intention d’encourager les gens à choisir un régime végétarien et pensait qu’il valait mieux que les gens décident par eux-mêmes, plutôt que de leur dire que faire. Puis à Bodhgaya en 2004, le dernier jour du Kagyu Meunlam, un groupe végétarien a demandé à Sa Sainteté de parler de l’importance d’adopter un régime végétarien et d’encourager les gens à abandonner la viande. Dans son intervention, le Karmapa avait conseillé d’arrêter complètement la consommation de viande pour toute la vie comme étant la meilleure option, sinon, si cela n’était pas possible, d’essayer de ne pas manger de viande au moins une fois par semaine ou, pour le moins, une fois par mois. Il avait souligné l’importance de montrer quelque intérêt à l’arrêt de la consommation de viande. Sa Sainteté ne pensait pas que beaucoup de gens souhaiteraient suivre son conseil, et pourtant après son intervention sur le sujet, la moitié des personnes présentes au Meunlam ont levé la main et voulaient arrêter de manger de la viande pour le reste de leur vie. 

L’annonce du végétarisme de Sa Sainteté fut reçu de façon mitigée. Certains lui dirent qu’abandonner la viande serait nuisible à sa santé parce qu’il venait d’un pays où la consommation de viande était largement répandue. D’autres firent valoir qu’en tant que Karmapa, il pourrait établir une connexion importante avec les êtres dont il mangeait la chair et qu’il pourrait guider tous ces êtres vers la terre pure de Sukhavati ou une autre bonne renaissance. Sa Sainteté commenta ironiquement qu’il n’était même pas capable de se guider lui-même vers une terre pure, alors comment pourrait-il y conduire quelqu’un d’autre ? 

Sa Sainteté poursuit en disant que cela fait maintenant au moins dix ans qu’il a adopté un régime complètement végétarien. Quant à la différence entre un régime carné et un végétarien, Sa Sainteté explique que grâce à son régime végétarien, il a vu sa compassion et son empathie pour les êtres grandir et qu’il est plus touché par la souffrance des êtres. Quand on mange de la viande, en général on ne pense pas vraiment aux effets de cette consommation sur les êtres que nous mangeons. 

Il existe un dicton tibétain qui dit : ceux qui ont de la compassion mangent de la viande et ceux qui ont des samayas boivent de l’alcool. Ceci renvoie à l’idée que la consommation de la viande d’un animal, la récitation des mantras des bouddhas et aussi les souhaits que l’on fait pour eux, tout cela serait bénéfique à ces êtres. Il y a des textes qui expliquent comment réciter des mantras et les noms des bouddhas tout en mangeant de la viande. Cependant, Droukpa Kunley a dit qu’il vaut mieux ne pas manger de viande et qu’il est difficile de manger de la viande avec compassion. 

Puis Sa Sainteté partage une histoire à propos de Droukpa Kunley :

à un certain moment, Droukpa Kunley se rendit dans une région qui traversait une grave sécheresse, les récoltes ne poussaient pas bien et les gens vivaient des moments difficiles à cause d’une grande famine. Une famille – le père, la mère et le fils – souffrait beaucoup car ils n’avaient rien à manger. Dans un premier temps, les parents pensèrent que comme ils étaient déjà bien vieux, si l’un d’eux mourait, le fils pourrait manger sa chair et vivre un peu plus longtemps. Le fils, cependant, ne supportant pas l’idée de voir mourir l’un de ses parents, décida qu’il vaudrait mieux que ce soit lui qui meure de façon à ce que ses parents puissent manger sa chair. Finalement, le fils se suicida et laissa un message qui disait qu’il était mort pour éviter que ses parents ne meurent de faim, et où il incitait ses parents à manger sa chair, sinon sa mort n’aurait pas de sens. Ses parents n’eurent donc pas d’autre choix que de manger la chair de leur fils. Ils trouvèrent la viande insipide et ils pleurèrent sans cesse pendant qu’ils mangeaient.

En lien avec la tradition du mahayana, Sa Sainteté souligne qu’il n’y a pas d’être qui n’a été notre mère. Il faut penser à tous les êtres comme étant notre père et notre mère. De cette manière, il devient impossible de manger la chair de son père ou de sa mère, même dans des situations extrêmes. Et même s’il n’y avait pas d’autre choix, comment pourrait-on y trouver du goût ? Des larmes couleraient sur nos joues ; on peut toujours prétendre manger avec compassion, mais où est la compassion ? Il se peut qu’on commence par dire une petite prière, puis tout de suite après on se met à engloutir la nourriture, sans retenue ni émotion. 

D’un autre côté, il n’est pas nécessairement vrai de dire que quelqu’un n’a pas de compassion parce qu’il ou elle mange de la viande. Il y a en effet de nombreux grands êtres qui mangent de la viande et on ne peut absolument pas dire qu’ils manquent de compassion. Parfois, nous prenons ces grands êtres comme modèles quand il s’agit de manger de la viande, mais nos actes n’ont rien à voir avec ceux des grands êtres. Le dicton ‘les gens compatissants mangent de la viande’ peut sembler bon, mais il n’est en fait pas aisé d’à la fois ressentir de la compassion et de manger de la viande. 

Pour abandonner la consommation de viande, on ne se base pas nécessairement sur des textes bouddhistes ou la logique. Même des gens ordinaires qui ne pratiquent pas le dharma deviennent végétariens ; ils n’ont pas besoin de citations des Écritures et arrêtent la viande facilement. Sa Sainteté dit en plaisantant : « Si vous avez besoin d’aller aux toilettes, est-ce que vous avez besoin des Écritures et de la logique pour prouver que vous avez besoin d’aller aux toilettes ? Non ! » Si une personne ordinaire pense bien, elle comprend pourquoi elle devrait devenir végétarienne. Sur YouTube, par exemple, on trouve des vidéos de petits enfants de 4 ou 5 ans qui disent qu’ils ne mangent pas de viande. Quand ils comprennent qu’il faut tuer des animaux pour avoir de la viande, ils refusent de manger des animaux. Mais, de nos jours, la viande est enveloppée et vendue en supermarchés, alors beaucoup d’enfants ne se rendent pas compte que c’est en tuant des animaux qu’on a de la viande. Mais s’ils apprennent que des animaux ont été tués pour avoir de la viande, la plupart des enfants ne la mangeront pas. Sa Sainteté souligne que, s’il nous faut la preuve des Écritures et de la logique pour nous faire faire quelque chose que les êtres ordinaires comprennent facilement, c’est quand même un peu honteux. 

Sa Sainteté explique qu’il y a essentiellement deux types de personnes qui ne mangent pas de viande : ceux qui s’abstiennent pour eux-mêmes, et ceux qui s’abstiennent pour le bien des autres êtres et de l’environnement.

Le bouddhisme est en général associé à l’amour, la compassion, la non-violence et la paix ; c’est comme cela que la plupart des gens voient le bouddhisme ou les bouddhistes. Si, alors qu’on est bouddhiste, on mange beaucoup de viande, alors les gens se demandent ce qui se passe. Il nous faut connaître l’opinion des autres et ne pas seulement nous focaliser sur nos propres pensées et habitudes. En particulier, dans la tradition mahayana, la tâche principale est de libérer tous les êtres de la souffrance et de les conduire au bonheur, ce qui apparaît dans les souhaits que nous formulons : « Puissent tous les êtres être libres de la souffrance et des causes de la souffrance … » Nuire à des êtres pour de la nourriture est en contradiction avec ces souhaits et nous devons vraiment y réfléchir, insiste Sa Sainteté. Manger ou non de la viande n’est pas quelque chose de compliqué ou de profond comme le concept de vacuité ou de non-soi ; tout le monde peut facilement le comprendre. 

Pour revenir au sujet de la viande qui est pure des trois façons, Sa Sainteté explique que si nous regardons le vinaya, des raisons spécifiques sont données pour lesquelles la viande devrait être pure des trois façons. Le riz, d’un autre côté, n’est jamais mentionné ; un morceau de viande et un bol de riz sont des choses très différentes. Pour ce qui est de manger de la viande, la façon dont nous pensons habituellement est que nous n’avons pas tué nous-même l’animal, et nous n’avons pas non plus ordonné à quelqu’un de tuer cet animal pour nous. A ce stade, Sa Sainteté souligne que, outre ne pas commettre de mauvaises actions nous-même, il nous faut aussi prendre en compte ceux qui ont commis des mauvaises actions et réfléchir à ce que nous pouvons faire pour eux. 

L’impact de la consommation de viande sur les êtres et l’environnement

Sa Sainteté cite des statistiques et des renseignements glanés auprès de différentes sources.

Il commence par mentionner le site internet de l’Université d’Oxford, www.ourworldindata.org, qui résume les données rassemblées entre 1968 et 2018. Les données montrent que, pendant une période de 50 ans – de 1968 à 2018 -, la production mondiale de bétail a triplé. En 2018, en une seule année, on a produit  346 millions de tonnes de bétail pour la viande ; cela inclut 69 milliards de poulets, 1,5 milliards de cochons, 574 millions de moutons, 479 millions de chèvres et 302 millions de bovins. On peut expliquer ces chiffres différemment : si l’on compte seulement le bétail abattu pour l’année 2018 et ne prenons pas en compte le poisson et les fruits de mer, le nombre d’animaux tués est dix fois plus élevé que toute la population mondiale.

En un seul jour, dans le monde entier, on tue un minimum de 190 millions d’animaux : au moins 4,1 millions de cochons, au moins 1,57 millions de moutons – dont la plupart sont tués quand ils sont des agneaux de moins d’un an, et certains avant même qu’ils n’aient atteint les deux mois. On tue 1,3 millions de chèvres ; comme on élève principalement les chèvres pour le lait, les boucs sont tués à la naissance. De même, on tue chaque jour 1 million de bovins. Selon le site internet www.cowspiracy, un total de 6 millions d’animaux sont tués toutes les heures pour la consommation humaine. Il ne s’agit que de bétail, sans compter les fruits de mer et le poisson. Selon le Forum Économique Mondial, en 2016, la production mondiale totale de fruits de mer était de 155 millions de tonnes. Ceci ne comprend pas le poisson attrapé mais rejeté à la mer, ni les mollusques ou les coquillages.  

Le gaspillage de nourriture

Si l’on pense que la totalité des 10 millions d’animaux tués sont utilisés convenablement et destinés à la consommation humaine, c’est une façon de penser qui est  enfantine. En fait, combien d’animaux meurent inutilement ? Selon le rapport annuel de 2015 de l’Organisation des Nations Unies pour la nourriture et l’agriculture, un tiers de la production mondiale de nourriture est abîmé ou gaspillé. Dans ce tiers, un cinquième de toute la viande est gaspillé.

Sa Sainteté explique que c’est juste pour donner un résumé du nombre d’animaux qui sont tués.

La cruauté de l’élevage animal 

Sa Sainteté ajoute qu’il faut aussi que nous prenions en considération la façon dont ces animaux sont élevés et soignés avant d’être tués, ainsi que quand et comment ils sont tués. C’est un peu effrayant de penser à tout cela, leur souffrance est difficile à décrire et nous n’osons peut-être même pas en parler. Il se peut qu’on présume que ces animaux sont bien traités avant leur mort, qu’ils sont bien nourris et peuvent se promener librement comme au Tibet, et on peut penser qu’ils ont une certaine liberté ; cependant, ce n’est pas le cas pour la majorité d’entre eux. Si nous pouvions vraiment voir de nos propres yeux comment ces animaux sont élevés et tués, Sa Sainteté a la conviction qu’alors nous n’oserions plus manger de viande ou que la viande serait insipide.

L’impact environnemental

L’eau : En outre, Sa Sainteté souligne qu’il est aussi très important de penser à l’impact que la production de viande a sur notre environnement. Par exemple, presque 345 trillions de litres d’eau sont utilisés pour la production de bétail dans le monde entier. L’ensemble de la population humaine utilise 8,6 trillions de litres d’eau pour la consommation domestique ; ce qui fait que la quantité d’eau utilisée pour le bétail pourrait fournir de l’eau potable à toute la population humaine pendant 40 ans. 

La production d’une livre de bœuf nécessite 11 000 litres d’eau. Pour le dire autrement, il faut 3550 litres d’eau pour produire la viande de bœuf nécessaire à la fabrication d’un seul hamburger. Cela est aussi la quantité d’eau qu’il faut à une personne pour se doucher tous les jours pendant six mois. 

Un tiers de l’eau potable sur la terre est utilisé pour le bétail. Chaque jour, tous les humains de la terre boivent 25,6 milliards de litres d’eau, mais la quantité d’eau bue par tout le bétail qu’on a sur la terre s’élève à 250 milliards de litres ; et donc, la quantité totale d’eau bue par le bétail  fait plus de neuf fois la quantité bue par les humains. Chaque jour, la population humaine de la planète mange 9,5 milliards de kilos de nourriture ; mais le bétail vivant sur la terre mange à lui seul 61 kilos de nourriture animale, soit plus de six fois plus que les humains. 

L’utilisation des sols : Plus de la moitié de toute la terre disponible sur terre est utilisée pour le bétail. En bref, le bétail est le premier destructeur de vie sauvage, la source de l’épuisement des océans, de la pollution de l’eau, et de la disparition de la biodiversité.

Les déchets : Un parc d’engraissement de 2500 têtes de bétail produit plus de déchets qu’une ville de 410 000 habitants. Aux États-Unis, la quantité de déchets produits par le bétail est 130 fois plus élevée que les déchets produits par les humains. Les déchets produits par le bétail, aux États-Unis seuls, représentent environ 52 600 kilos par minute, ce qui est le poids de 35 voitures. 

L’inégalité alimentaire : Beaucoup d’enfants dans le monde n’ont pas assez de nourriture et sont mal nourris. Ils vivent dans des pays où l’essentiel de la nourriture est donné aux animaux, et ces animaux vont à leur tour approvisionner les riches pays occidentaux.

Les gaz à effet de serre : Si nous regardons les données de l’Organisation Mondiale de l’Environnement, on trouve les gaz à effet de serre partout dans le monde et ils causent le réchauffement climatique. 18% des émissions de gaz à effet de serre proviennent de l’agriculture animale et du bétail. Ils constituent plus de gaz à effet de serre que ceux produits par toutes les voitures, tous les avions, camions, trains, bateaux et autres formes de transport dans le monde entier. L’élevage de bétail est donc la cause d’une grande partie de la destruction environnementale. 

Sa Sainteté conclut l’enseignement du jour par ces remarques :

Il existe de nombreuses raisons de renoncer à la viande et de devenir végétarien. Que vous ayez foi en le dharma ou non, l’examen de la situation du monde porte à la réflection. Il vous faut cependant être très habile pour arrêter de manger de la viande et pratiquer le végétarisme. Vous devez tenir compte de votre santé  physique afin que votre  pratique soit adaptée à votre santé. Renoncer à la viande et devenir végétarien devrait être quelque chose que vous voulez vraiment faire et que vous décidez par vous-même ; penser que le Bouddha ou le gourou ont dit qu’il faut devenir végétarien et suivre cette tradition sans vraiment le vouloir n’est pas la bonne façon de faire, parce que c’est par vous-même que vous devez voir pour quelles raisons et dans quel but vous renoncez à la viande ; ce doit être un véritable souhait. 

Le fond du problème est que beaucoup de gens sont vraiment attachés au goût de la viande et pensent qu’ils ne peuvent pas y renoncer. Dans le vinaya, il s’agit essentiellement de laisser tomber l’attachement, alors que dans le mahayana, on envisage le danger de nuire aux êtres par attachement au goût de la viande, et donc c’est interdit.

Renoncer à la viande est, en général, une bonne chose ; que l’on y parvienne dépend de sa santé, de l’environnement, etc. Mais renoncer à la viande et être attaché à cela n’est pas bon non plus. Renoncer à la viande afin de protéger les êtres est quelque chose que nous devons faire, mais il n’y a aucune raison de s’en vanter. Nous ne devons pas non plus mépriser ou dénigrer ceux qui n’ont pas arrêté de manger de la viande, car là se trouve le danger d’aller vers les austérités comme l’a proclamé Dévadatta, qui voulait rabaisser le Bouddha et avait une motivation erronée. De même, ceux qui ne parviennent pas à renoncer à la viande ne devraient pas dénigrer ceux qui ont un régime végétarien et en venir aux disputes. Ne prenons pas seulement en compte notre façon de voir les choses, mais prenons aussi l’opinion des autres en considération. 

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